Le trek glamour du Machu Picchu


Le cadeau d’anniversaire de Louis-Alban est le trek du chemin des incas. Chacun sa passion ! Il s’agit de 4 jours de marche dans la vallée sacrée sur les pistes empruntées par les incas pour se rendre au Machu Picchu. Cette randonnée est ultra réglementée et ne peut se faire qu’avec une agence. En outre, il ne peut y avoir plus de 500 personnes par jour sur le chemin. Ça paraît énorme mais les porteurs et les cuisiniers qui suivent les groupes constituent plus de la moitié de ce quota. Il faut donc réserver des mois à l’avance. Nous avions regardé en mars, au Vietnam, et la seule possibilité avec l’agence qui nous plaisait était un trek qui débutait le 21 octobre et nous faisait arriver au Machu Picchu le 24 octobre, soit le jour des 30 ans de L-A. Nous n’avons pas hésité longtemps !

Ce trek fut un vrai bonheur. Nos guides étaient extraordinaires et, passés les premiers moments de gêne, le groupe de randonneurs était génial. Nous avons rarement autant ri en si peu de temps. Notre groupe était composé d’un trio d’amies canadiennes, un célibataire canadien, un couple d’australien, un couple d’américain, un autre couple de canadiens, un couple d’amis américains et un couple d’amis anglais ! Notre guide principal s’appelait Rossel (prononcer Russel) et son assistant se nommait Tiny Toro (ce qui est bien sûr un surnom que nous avons tous rapidement adopté).

A la fin de chaque journée, lorsque nous arrivions au campement, les tentes étaient déjà montées, la tente pour le dîner et celle des toilettes prêtes. Les repas étaient très copieux et tout était délicieux. Notre chef cuisinait avec sa toque, au milieu de la jungle, comme s’il était dans une cuisine sophistiquée. On a baptisé cette expérience “glamping” pour glamour et camping ! Les porteurs nous posaient même des bassines d’eau chaudes chaque soir et chaque matin devant notre tente pour nos ablutions. Habitués à ne plus nous laver depuis le Choquequirao, nous ne savions pas quoi faire de cette eau…

Jour 1

Départ de Cusco à 4h du matin. Un bus nous amène au point de départ du trek où nous attend un copieux petit-déjeuner préparé par nos cuisiniers. Puis, direction le km 82 où nous commençons vraiment la randonnée.

Nous marchons le long de la rivière Urubamba en nous arrêtant pour observer des ruines incas disséminées çà et là. C’est très agréable d’avoir un guide qui nous explique tout en détail. On en apprendra beaucoup sur ses ancêtres dont il est passionné.

Nous marchons 14 kilomètres cette première journée. Louis-Alban et moi volons. Le chemin est beaucoup, beaucoup plus facile que celui de notre précédent trek et nos jambes sont maintenant bien habituées à marcher. On talonne Rossel avec quelques autres membres de notre groupe, c’est bien agréable. Et 500 mètres de dénivelé en une journée, c’est vraiment du gâteau !

Jour 2

Le guide nous a prévenus, cette deuxième journée est la plus difficile. Levés aux alentours de 4h du matin, nous avalons un copieux petit-déjeuner avant de nous attaquer aux 1000 mètres de dénivelé qui nous séparent de Dead Woman’s pass, le premier col à 4200 mètres d’altitude. La marche est effectivement moins facile que la veille mais encore une fois l’entraînement Choquequirao nous aide et nous parvenons à destination en une heure au lieu de deux. Le seul problème d’être de grands sportifs c’est que nous devons attendre le reste du groupe dans le froid et sous la pluie pendant une heure. Bon, il faut quand même remettre nos exploits en perspective sachant qu’un porteur libéré de son fardeau aurait apparemment finit le marathon de l’inca trail (c’est à dire notre chemin en 4 jours) en seulement 3h23…

Après ce premier col, nous descendons presque 1000 mètres de dénivelé pour atteindre notre camp pour le déjeuner. C’est toujours frustrant de monter pour redescendre, mais le paysage est absolument magnifique et une fois arrivés, le délicieux déjeuner nous fait rapidement oublier nos mollets. Les porteurs, qui malgré les trente kilos d’équipement qu’ils portent sur leur dos arrivent toujours avant nous aux camps, ont même déroulé des matelas au pied de la tente du déjeuner pour que les premiers arrivés puissent faire une sieste au soleil en attendant les autres. C’est royal !

L’après-midi nous remontons jusqu’à un deuxième col situé à 4000 mètres d’altitude. Le chemin est parfois si étroit que l’on joue des coudes avec les porteurs. Comme nous sommes les premiers de tous les groupes il nous arrive souvent de marcher seuls, dans le calme. On peut prendre notre temps pour essayer d’apercevoir des ours. Sans succès. Nous redescendons ensuite vers Sayacmarka, une forteresse inca qui surplombe une vallée. On est dans les nuages, c’est magnifique. Des petits mais bruyants colibris volent au-dessus de notre tête comme si nous n’étions pas là.

Nous arrivons au campement du soir sous la pluie mais ce n’est pas un problème car nos tentes sont déjà montées et l’apéritif est sur le point d’être servi ! Nous passons une excellente soirée. La rapidité avec laquelle un groupe devient soudé seulement après vécu quelques heures ensemble m’étonnera toujours ! Rossel arrive tard pendant le dîner pour nous briefer sur la journée du lendemain. Dès ses premiers mots on remarque que quelque chose ne va pas. Il s’emmêle, bafouille et se répète. Il éclate de rire tous les deux mots et arbore un sourire plus grand que celui qu’il a habituellement. Le brief dure très, très longtemps et on rit beaucoup à ses dépens. On le soupçonne d’être saoul mais nous apprendrons le lendemain qu’il était juste stoned car comme on trouve pas mal de marijuana près de notre camp, certains de nos guides et porteurs profitent de cette étape pour se détendre avec quelques joints.

Jour 3

Encore une fois levés aux aurores, nous partons sous la pluie à l’assaut de la forêt tropicale. Nous n’avons que 10 kilomètres et 1000 mètres de dénivelé négatif à descendre ce jour-là. La pluie finit même par se calmer au fur et à mesure que la matinée avance. Nous visitons trois sites importants sur le chemin : le Phuyupatamarca un centre astronomique important pour les incas, l’Intipata un autre lieu de cultures en étages qui fait aujourd’hui office de garde-manger pour les lamas et le Winay Wana une superbe cité surplombant encore une fois la vallée. Rossel nous régale d’histoires, nous apprend des trucs pour survivre dans la jungle que nous traversons, fait beaucoup de blagues et nous passionne pour ses ancêtres. La marche ne nous prend que quelques heures de la matinée et nous avons quartier libre l’après-midi. Chacun essaie de dormir mais nous finissons par nous retrouver assis en ligne au bord de la montagne à regarder la vallée et chanter des chansons. Il faut dire que notre guide a allumé une enceinte MP3 dans sa tente et qu’il nous offre un superbe concert de musique plus kitsch les unes que les autres !

Notre dernier dîner est le plus mémorable. J’ai informé Rossel que l’anniversaire de Louis-Alban était le lendemain et il m’a promis une surprise à la fin du repas. Il se fait même un devoir de créer une bougie de toute pièce car je n’ai pas réussi à en trouver avant de partir. Le dîner est délicieux et au moment du dessert les guides et les 12 porteurs et cuisiniers se réunissent à l’entrée de notre tente. Un cuisinier arrive portant un énorme gâteau recouvert d’un superbe glaçage et tout le monde entonne un joyeux anniversaire en anglais, en espagnol puis en quechua ! L-A semble très heureux et se lève pour aller souffler son unique bougie avant qu’elle ne s’éteigne. Il s’agit en effet de 3 allumettes collées et allumées en même temps. On a vu mieux mais on est à presque 2700 mètres d’altitude sur une montagne au Pérou. Tout le monde fait un petit discours et on déguste le gâteau cuisiné sur un réchaud avec presque rien ! Nous faisons ensuite nos adieux à nos porteurs et cuisiniers car ils ne nous accompagnent pas au Machu Picchu le lendemain et allons-nous coucher assez tôt. Le réveil est programmé à 2h50…

Jour 4

Nous avons une heure de marche avant d’arriver aux portes du soleil, l’une des entrées historique du Machu Picchu. Le chemin est ce que Rossel appelle du “peruvian flat” c’est à dire qu’il n’est pas vraiment plat et comporte plusieurs montées et descente peu agréables. Avant de commencer cette dernière heure de marche nous devons passer un premier point de contrôle tout comme les  250 autres marcheurs du jour. Une très longue file se crée donc chaque jour devant la petite cabane. Et ces derniers jours, il pleut. Or les premiers groupes arrivés bénéficient d’un préau pour s’abriter tandis que les autres doivent attendre l’ouverture du chek-point à 5h30 sous la pluie. Rossel veut que nous arrivions les premiers aux portes du soleil pour que nous ne marchions pas trempés. Il a donc imposé un réveil à 2h50. Sachant que le guichet est situé à 10 minutes du camp, nous y arrivons un peu après 3h tous complètements à l’ouest. Mais nous sommes les premiers et les seuls à avoir un banc et un préau digne de ce nom pour attendre 2h30 dans le froid et la nuit ! Petit à petit 200 personnes viennent s’aligner derrière nous sous la pluie. Première victoire de la journée ! Une fois nos passeports contrôlés, nous partons en trombe. Notre petit groupe de tête survole le sentier. Tout le monde a les yeux rivés sur les cailloux glissants. Emportés par la joie d’arriver bientôt au Machu Picchu, on devient fou et on se met à courir…. On fait le chemin en moins de 40 minutes. C’est le record de notre guide en 15 ans d’inca trail… Pas étonnant ! On arrive épuisés mais hyper heureux aux portes du soleil. Je suis un peu déçue car j’imaginais que les portes étaient dorées…! Elles sont juste en pierre. Je comprends mieux le mécontentement des espagnols concernant le trésor inca !

On attend le reste du groupe puis on entame la descente vers le Machu Picchu. Nous croisons un type qui monte en sens inverse. Grosse surprise, on se demande si c’est un gardien du site mais il a l’air d’être un touriste. On regarde autour et là on voit que le Machu Picchu est déjà envahi de gens… Nous sommes tous très déçus car nous pensions que les personnes ayant fait le chemin des incas arrivaient les premiers sur le site ! Mais il semble que ce soit ceux qui logent dans l’hôtel situé au pied des ruines et qui coûte 2000$ la nuit qui arrivent les premiers. Encore la preuve que le monde marche sur la tête !

Le site est complètement embrumé et nous le visitons sous la pluie. Ce n’est pas grave car comme dit notre guide : “the journey is the destination”. On aura vécu un trek inoubliable et rencontré des gens intéressants et drôles. Nous explorons cette immense cité inca en écoutant Rossel puis redescendons à Agua Calientes, la ville la plus proche du Machu Picchu. On se regroupe pour déjeuner et on fête la fin de cette super expérience avec des piscos sour qui nous tapent rapidement sur le cerveau (surtout sur le mien je crois). Après d’autres piscos dans d’autres bars, on prend le train pour rentrer à Cusco. Après d’autres piscos dans le train, on arrive un peu cuits à Cusco où on retrouve avec grand bonheur nos guides qui nous avaient quittés quelques heures plus tôt. Ils nous accompagnent dans le bus qui nous ramène en centre-ville. Le chauffeur met la musique à fond et on se met encore une fois à tous chanter. On nous débarque L-A et moi au milieu de nul part pour que l’on prenne un taxi qui va nous amener à notre hôtel. On se sent bien seuls dans le noir et le froid désolidarisés de notre groupe !

Heureusement les réjouissances ne sont pas finies, à peine arrivés, nous sautons dans la douche puis direction un restaurant pour fêter l’anniversaire de Louis-Alban. J’ai trouvé un restaurant japonais qui donne sur la place principale de Cusco. On se régale, on se retrouve quelques mois plus tôt au Japon. L-A découvre la longue et belle vidéo que nos familles et amis lui ont concocté pour son anniversaire. Il se souviendra de ce 30ème anniversaire !

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