En remontant vers Tokyo


De nouveau tous les deux, nous décidons de retourner à Tokyo en faisant quelques arrêts sur le chemin.

Hiroshima

Nous posons nos affaires dans une charmante auberge de jeunesse. Ça nous change des beaux hôtels dans lesquels nous avons dormi jusqu’ici ! Mais au Japon même les auberges sont très propres et bien rangées et nous avons la chance d’être les seuls dans notre dortoir de 4 lits. Nous passons la fin de journée à visiter le mémorial. Cet endroit est poignant. Il nous fait penser à ceux du 11 septembre et de la Shoah. Après plusieurs mois en Asie du Sud Est, les agissements des Etats-Unis dans tous ces pays nous dégoûtent. C’est un pays qui fait rêver et où nous finirons d’ailleurs notre voyage mais c’est aussi un pays barbare. Lorsque l’on visite le mémorial et que l’on voit, que l’on entend des témoignages des familles de ces jeunes garçons qui allaient à l’école située à une centaine de mètres du point d’impact de la bombe, on ne peut qu’être bouleversé. Les corps en lambeaux, les chairs en feu, beaucoup de ces garçons d’une dizaine d’années et d’habitants de la ville ont agonisé lentement, pendant parfois plusieurs années, avant de rendre leur dernier souffle.

Nous passons un long moment dans le mémorial, près de la flamme qui brûlera tant que les armes nucléaires existeront, nous restons quelques temps devant le dôme d’Hiroshima, symbole mondial de cette catastrophe, et près de la statue dédiée aux enfants.

Autant dire que ça nous calme et nous continuons notre visite de la ville un peu abasourdis. Nous la trouvons pourtant très agréable. Elle est quadrillée de très grandes artères où ne circulent pas plus d’une dizaine de voitures à la fois. Le tramway ajoute un certain charme provincial. Les conducteurs de tram sont d’ailleurs aussi toqués que ceux des bus et passent leur temps à parler au micro et faire des allers-retours à grandes enjambées dans la rame pour on ne sait quelles raisons. L’atmosphère est douce et il fait très bon. Nous dînons par hasard dans un délicieux restaurant de nouilles. On commande et paye à un automate qui nous donne des tickets que l’on remet à une serveuse qui les apporte en cuisine… Quel est l’intérêt de l’automate ?! La caisse doit être plus facile à faire ?

Osaka

Heureusement que nous avons étendu notre JR Pass qui nous permet de nous déplacer comme bon nous semble en Shinkansen car ces trains sont tellement confortables qu’il aurait été dommage de ne pas en profiter ! Nous arrivons à Osaka sous un soleil de plomb. Il fait plus de 30°C, nous n’y sommes plus habitués ! Surtout en ville ! Notre nouvelle auberge est aussi propre que celle de la veille mais nous partageons cette fois notre chambre avec 6 autres personnes et nous devons faire et défaire nous-même notre lit à notre arrivée et lors de notre départ… C’est une première en auberge et surtout, ça fait longtemps qu’on ne l’a pas fait !! Presque 5 mois maintenant, ça fait bizarre 😉

Pour déjeuner nous nous dirigeons vers le fameux quartier Dotonbori où nous sommes tout de suite accueillis, voir agressés, par des bonhommes géants en 3D, des sushis qui font 15 fois notre taille, des crabes qui ont l’air de vouloir nous manger ! Les buildings semblent plus grands qu’à Tokyo. Nous mangeons des sushis dans un restaurant où ils défilent sur un tapis roulant puis une bonne glace pour oublier la chaleur avant de continuer notre balade dans la ville. Au détour d’une rue, nous découvrons un petit temple perdu dans la jungle urbaine. Avant de faire leur prière des fidèles lancent de l’eau sur des statues qui n’ont plus de statue que le nom.

Osaka est réputée pour sa vie nocturne. Nous retournons dans le même quartier le soir et constatons que la ville bouillonne. Les rues sont pleines de badauds qui se font alpaguer par des serveurs, les enseignes lumineuses brillent plus que jamais et des haut-parleurs balancent de la musique. Nous atterrissons dans un restaurant de ramens qui, si elles n’ont pas autant de saveur que celles que nous avons testées à Tokyo, n’en sont pas moins très bonnes. Nous décidons ensuite de tester les fameuses arcades de jeu japonaises. Au rez-de-chaussée des dizaines de grandes boîtes transparentes remplies de peluches, paquets de chips géants ou bonbons sont alignées et des couples s’agitent sur des joysticks pour essayer d’attraper quelque chose avec un bras articulé. Nous descendons au 1er sous-sol pour faire une séance de purikura mémorable et tester quelques jeux. Le bruit est assourdissant. Outre la musique du lieu on entend le bruit des dizaines de bornes d’arcades sur lesquelles s’excitent des japonais femmes ou hommes, jeunes et moins jeunes, en costume ou en casquette. Tous semblent comme happés par la boîte sur laquelle ils tapent des mains, des pieds, du marteau ou tournent un volant etc. L’ambiance est très bizarre. Nous on rigole bien avec Mario Kart ! A un autre étage on tombe sur des bornes de jeu d’argent. Là, la population fait plutôt de la peine. Au niveau des billards, il n’y a qu’un petit groupe. Ça a l’air moins sympa de se retrouver IRL (“in real life”) que de se parler en ligne.

Cet immense immeuble d’arcades fait au moins 6 étages ! Il y a des karaokés, des petits terrains de foot et bien sur des bornes d’arcades par centaines. On trouvera même une capsule qui permet d’apprendre à conduire un tramway ! Nous ressortons épuisés après deux bonnes heures sans avoir eu conscience du temps qui passait. Nous rentrons en passant par hasard dans le quartier des escorts girls. Osaka c’est vraiment la ville de la fête…!

Nara

Changement de décor le lendemain ! Nous nous rendons à Nara, une ancienne capitale du Japon au VIIIème siècle qui est aujourd’hui une petite ville provinciale remplie de temples. Nous trouvons un bon restaurant de nouilles qui sert de copieux bentos. La nourriture japonaise va vraiment beaucoup nous manquer. Dans notre nouvelle auberge, nous avons le plaisir de découvrir que nous dormons sur le tatami. Ce n’est pas aussi luxueux que les ryokans car un peu vieillot mais ce n’est pas cher, c’est propre et ça fera l’affaire pour une nuit !

Nous nous baladons entre les daims, les jardins zen et les temples shintoïstes ou bouddhistes. Le clou du spectacle est le temple Todai-Ji qui abrite la plus grande statue de bouddha en bronze du monde. Il mesure en effet 18 mètres et pèse 250 tonnes… Vous pouvez donc imaginer la taille du temple qui l’abrite !

Le temple shintoïste Nigastu-Do nous offre quant à lui une superbe vue sur la ville et ses environs.

Tokyo

Nous sommes de retour à Tokyo pour nos 3 derniers jours au Japon. Nous avons tellement aimé cette ville que l’on ne pouvait pas ne pas y retourner !

Notre auberge est dans le quartier de Shimbashi. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment une auberge mais une pièce où s’alignent des dizaines de lits capsules ! Il fallait bien que l’on teste ! Il suffit de mettre, comme d’habitude, son passeport et ses sous sous l’oreiller et une fois le rideau tiré on a l’impression d’être dans une petite boîte cosy. C’est pas mal ! Et la dame qui tient l’endroit est très sympa. Même si elle ne comprend pas grand chose. La population est hétérogène : il y a des touristes là pour plusieurs jours et des businessmen pressés qui ne restent qu’une nuit. Après une bonne nuit chacun dans notre boîte, nous repartons à l’assaut de la ville sous un beau soleil.

Point fashion : Autant depuis le début du voyage c’était assez facile de se moquer de la manière dont on s’habillait autant au Japon c’est devenu plus compliqué. Les japonais, surtout à Tokyo, ont un style très étudié. Je ne parle pas des poupées en tutus roses et chaussures compensées couleur marshmallow qui s’enroulent les couettes autour des doigts, ni des jeunes garçons aux yeux débridés et look androgyne, mais des autres. Ceux qui maîtrisent les mix d’imprimés et les coupes improbables au point que l’ensemble paraisse hyper cool. Bref, on a envie de « suit up » !

Harajuku est le quartier parfait pour ça. Il y a pléthore de petits magasins de marques locales ou de vêtements vintage. Comme un de mes pantalons rend l’âme nous passons un peu de temps à déambuler dans ces rues et je finis par trouver un kimono dans une friperie… J’ai un peu oublié mon objectif en cours de route ! J’impose aussi à L-A deux heures de queue au magasin de la marque japonaise Comme des Garçons. Je m’étais toujours dit que j’achèterais un tee-shirt de cette marque le jour où j’irais au Japon. C’est chose faîte, mais Louis-Alban me fait encore payer cette interminable attente ! Le soir nous buvons une bière en terrasse près de l’auberge puis dînons dans le quartier dans un restaurant de tapas sans bien sûr comprendre que la carte ne contenait que des tapas. Nous commandons un plat chacun et si ma salade est plutôt conséquente, Louis-Alban se retrouve avec des mini-portions alors qu’il a très faim ! On finit donc au konbini du coin, ces petites supérettes locales où l’on trouve de tout !

Le jour suivant, après un bon café dans notre nouveau QG, nous décidons d’aller explorer le quartier de Ginza avant de nous rendre dans les jardins du Palais impérial. Le quartier est un peu trop chic pour les backpackers que nous sommes mais je traîne quand même L-A à Dover Street Market, le temple de la hype ! En nous dirigeant ensuite vers le Palais impérial nous déjeunons dans un très bon (on a du flair) restaurant de nouilles remplis de femmes et d’hommes d’affaires qui font en mangeant un bruit qui ferait siffler les oreilles de Nadine de Rotshchild ! Et pourtant au Japon plus une personne fait du bruit en avalant ses nouilles plus cela veut dire qu’elle apprécie ! Nous avons du tomber sur une pépite car à part les bruits de la cuisine, on entend que les bruits d’aspiration faits par les clients. On s’y essaie mais sans grand succès. Faire du bruit en avalant ses nouilles sans se tâcher n’est pas aussi facile que ça !

Les jardins qui entourent le Palais n’ont de jardins que le nom. Ce sont des plates-bandes d’herbe coupée au millimètre près qui sont entourées de barrières que nous ne nous avisons pas de franchir. Nous trouvons quand même un peu plus loin une étendue d’herbe un peu plus sauvage (sauvage car il y a des épines de pin sur l’herbe, hérésie !) sur laquelle nous nous posons pour une petite sieste. Il fait quand même 30 degrés et un soleil de plomb nous assomme. Heureusement qu’il y a du vent et nous contemplons un moment les nuages passer à une vitesse folle entre les buildings. Éloge de la tranquillité.

Une fois requinqués, nous allons dans un autre quartier de l’électronique, Akihabara, où nous restons juste le temps de faire un nouveau purikura. Puis, comme le temps est encore très bon, nous retournons à Harajuku profiter d’un super rooftop sur lequel nous passons une très bonne soirée.

En rentrant, on est surpris par le nombre de personnes à la sortie du métro mais on comprend vite de quoi il s’agit… Le quartier de notre auberge est un quartier d’affaire au milieu duquel se trouvent une dizaine de rues remplies de bars et de restaurants. Comme tout le monde, nous avions entendu parler des hommes d’affaires qui se saoulent jusqu’au petit matin en sortant du travail. Et bien c’est une chose de l’imaginer et une autre d’y assister !!! En sortant du métro nous tombons sur des hordes d’hommes et de femmes en costume/tailleur complètement saouls !!! Il y a une animation dans la rue que nous n’avions encore jamais vu au Japon. Des jeunes businessmen draguent ouvertement des businesswomen, à la sortie de restaurant des groupes saluent un supérieur qui rentre chez lui en se courbant plus qu’ils ne pourraient le faire s’ils étaient sobres, des jeunes hommes sont affalés sur le trottoir la bouche ouverte et les yeux clos, les espaces fumeurs sont pleins et des couples s’embrassent langoureusement sur les barrières. C’est un spectacle vraiment très drôle à voir et au lieu de rentrer directement nous parcourons les rues pour regarder les japonais qui… se lâchent !

Pour notre dernier jour, nous petit-déjeunons dans un restaurant très sympa près de l’auberge. Nous ne connaissions pas le quartier avant de réserver cet hôtel et l’avons beaucoup apprécié. Surtout pour le spectacle de la veille ! Nous nous rendons ensuite à pieds au musée Mori situé au 53ème étage de la tour du même nom. Pendant notre chemin jusque là-bas nous ne croisons quasiment personne à part des groupes d’écoliers en uniforme. Nous sommes samedi et il fait beau et chaud, les tokyoïtes sont certainement partis en weekend, sans leurs enfants !

Le musée Mori offre un panorama sublime sur la ville et nous apprécions aussi beaucoup l’exposition qui y est présentée. Elle porte sur l’architecture japonaise et nous apprenons énormément de choses sur cette art millénaire qui porte une attention particulière, encore aujourd’hui, sur les espaces extérieurs, la nature et les volumes des bâtiments. Tout cela en faisant bien sur attention aux contraintes liées aux séismes, typhons et autres événements naturels auxquels le pays peut être exposé.

Nous retournons ensuite à Shibuya où L-A fait l’acquisition de mochi. Ce n’est pas un animal de compagnie, quoi que, mais notre drone qui ressemble tellement à un robot que nous lui avons donné le nom de notre dessert préféré ! Nous déjeunons une dernière fois dans un restaurant de sushis servis par un petit train puis nous dirigeons vers ce qui devait être le clou de notre dernière journée au Japon : rouler en kart déguisé en Mario (kart) dans les rues de la ville.

 

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Long story short : on arrive au garage, on apprend que notre permis de conduire international n’est pas valable, on rouspète, on apprend que l’on ne peut pas se faire rembourser, on s’emporte, on s’énerve, on arrive à énerver le propriétaire du garage (énerver un japonais c’est pourtant pas facile) et on part en le laissant nous hurler : « you are not welcome in Japan »… Ça tombe bien, on s’en va.

Pour se remettre de nos émotions, parce qu’on est super tristes de ne pas avoir pu faire du kart et que notre séjour se finisse comme ça on retourne au restaurant du petit-déjeuner et on boit plusieurs bières et cocktails qui nous font vite oublier le voleur qui va faire un festin de roi avec les 100$ de notre réservation !

Impressions

Il y a tellement de choses à dire sur ce pays incroyable et si différent. La nature délicate, les temples millénaires, les buildings qui touchent le ciel et les gadgets high-tech, nous avons tout aimé. Même leurs toilettes sont une attraction à elles-seules.

L’attitude ultra respectueuse des japonais est très appréciable. Ajoutons à cela leur grande gentillesse, nous sommes bien accueillis partout. Après plus de 4 mois en Asie du sud-est on ne peut quand même s’empêcher de remarquer que peu de gens nous sourient spontanément. Et qu’il a beaucoup de règles à respecter. On sent aussi que si on dépasse une certaine limite, la gentillesse se transformera rapidement en froideur.

Toutes les situations sont prévues au Japon, rien n’est laissé au hasard. Les citoyens ont l’air d’être pris en charge quasi totalement par les structures publiques et on se demande parfois si cela ne les bride pas, sans mauvais jeu de mot. Une partie de leur liberté ou plutôt leur spontanéité semble étouffée par les traditions millénaires auxquelles sont venues s’ajouter des règles de savoir-vivre assez strictes. Mais, le pays étant constamment en proie à des catastrophes naturelles, ce rigorisme est plus que bienvenu dans la gestion de crise. Pendant tout le temps que nous avons passé à la gare le jour du séisme, nous n’avons entendu personne hausser le ton ou rouspéter et les agents semblaient d’une efficacité hors norme. Bien sûr les gens sont habitués aux séismes, il y a en a plus de mille par an sur toute l’île. Mais ce calme était impressionnant à voir.

Nous avons tellement bien mangé pendant ces 15 jours. Que ce soit les sushis, les nouilles udon, les excellents dîners aux ryokans, les mochis et tout le reste, nous nous sommes régalés ! C’est important. On aurait d’ailleurs peut-être du axer ce blog sur la nourriture des pays que nous visitons tellement cela nous marque à chaque fois ! La nourriture japonaise fait en tout cas partie d’une des meilleures que nous avons goûtées jusqu’ici.

En tout cas, on s’est dit que les JO n’allaient pas être une période facile pour les japonais… Ils vont devenir fous avec tous ces supporters étrangers qui vont les envahir et ne pas filer droit!

 

Japon : 14 juin au 1er juillet

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2 responses to “En remontant vers Tokyo”

  1. Très Mystérieuse photo que celle du début !
    Je suis contente d avoir terminé de lire le voyage au Japon mais on a fait que manger 😂
    Vivement … la suite
    plage mer soleil

  2. Diane, tu as du être très bonne en argumentation durant les 2 heures d’attente chez CDG! Ton Tee-Shirt aura le mérite d’avoir une vrais histoire à raconter en plus du Japon!

    Je serai bcp plus attentif aux bruits d’aspiration de nouilles grâce à vous. Peut être que je trouverai THE place avant votre arrivée!

    Gros big up pour la video !!!! Clap, clap, clap

    C’est officiel, j’ai aussi envie de voir le Japon!!!

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